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Guillaume de Fonclare   Dans ma peau
Editions Stock, 2010

 

 
www.editions-stock.fr

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Légendes de gauche à droite :
1/  Portrait de Guillaume de Fonclare, photographie Julien Falsimagne 2010.
2/  Couverture : Dans ma peau de Guillaume de Fonclare.

 


Guillaume de Fonclare

Dans ma peau

Editions Stock, 2010

 

“Mon corps est un carcan ; je suis prisonnier d’une gangue de chairs et d’os. Je bataille pour marcher, pour parler, pour écrire, pour mouvoir des muscles qui m’échappent à chaque moment”.

Dans ma peau est paru il y a deux ans, c’est le premier livre de Guillaume de Fonclare : récit bref mais intense où  il raconte son corps dévoré par une maladie neurologique inconnue, invalidante, altérant muscles et nerfs.

À ce moment-là, il était le directeur de l’Historial de la Grande Guerre (1914-1918) à Péronne, responsabilité qu’il a abandonnée après quatre ans de service. Sur les lieux de l’ancien champ de bataille de 1914, l’immense solitude dans laquelle l’enferme la maladie se trouve allégée par les liens tissés avec ses frères “d’outre monde”, les jeunes hommes sacrifiés envoyés au massacre dans la force de leurs vingt ans, leurs rêves enterrés dans la boue des tranchées. Il est une “gueule cassée” parmi les “gueules cassées”, il vit “l’idée de l’incertitude de la mort”  comme celle de ces soldats chaque matin. Cette fraternité du désastre tout comme l’exigeante lucidité dont il fait preuve lui servent d’antalgiques.

Très discret sur son passé, il dit cependant sa blessure d’enfance. Son père, pilote d’essai à l’Aérospatiale, a trouvé la mort en vol et lui a cruellement manqué à l’age de dix ans. Lui-même père de deux enfants, il leur dit tout son amour en quelques pages sobres, chassant l’idée qui le hante de leur laisser la souffrance en héritage.

Dans ma peau n’est pas un livre de désespoir mais d’intense courage. C’est un beau témoignage autour du sacré, c’est-à-dire de tout ce qui compte pour l’auteur : son travail, ses enfants, sa compagne, la vie et cette interrogation : mais pour combien de temps encore ?

Malgré la souffrance, l’humour sait aussi se manifester : “mes deux mètres ne sont que source d’inconforts : mes bras de chemise sont trop courts ... mes pantalons n’ont pas d’ourlet et je sais déjà que l’achat de mon cercueil entraînera une surfacturation”.

L’écriture est une sorte de thérapie mais, dit-il, “je ne cherche pas à construire une œuvre ni à faire de la littérature. Je cherche à exister autrement qu’assis derrière un bureau et je veux m’envisager autrement que seul, chez moi à pleurer sur mon sort.”

Il remercie le musée de l’avoir sauvé “ : le musée m’a appris la décence, le courage l’humilité et l’espoir. C’est ici que j’ai construit ce qui me fera demain, c’est ici que j’ai appris à être un homme, pleinement un homme et simplement un homme”.

Le récit de Guillaume de Fonclare célèbre l’homme en cent-vingt pages incandescentes dans les nuances de ses forces et faiblesses mêlées.

À ce jour il a écrit un second ouvrage, Dans tes pas, toujours aussi sobre et incisif, sur le suicide inattendu d’un ami très proche.

Colette Aubourg