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Chateaubriand   Biographie, par Jean-Claude Berchet
Collection NRF Biographies, Gallimard

Parution : 08-03-2012

 

http://www.gallimard.fr

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Jean-Claude Berchet

Chateaubriand

Collection Biographies / Gallimard

 

 

Jean-Claude Berchet, à qui l’on doit la dernière édition critique des Mémoires d’outre-tombe, propose avec son Chateaubriand une somme de mille pagess’imposant désormais comme la biographie de référence du mémorialiste, réussissant à donner chair et vie à ce monument des lettres que le portrait qu’en fit Girodet paraissait avoir à jamais figé. Chateaubriand méditant sur les ruines de Rome devant une vue du Colisée, telle est, entre autres clichés, cette figure de notre imaginaire national dont Jean-Claude Berchet reconstitue magistralement, avec « empathie critique », la véritable physionomie.

A œuvre monumentale, biographie monumentale. Il faut se plonger dans ce récit et suivre les voies croisées ducritique littéraire et de l’historien, seules à même d’éclairer la complexité d’une traversée du « siècle le plus agité de notre histoire ». Le plaisir est grand d’approcher au plus près le visage de l’écrivain en même temps que de voir se dessiner les traits d’un destin hors du commun.

François-René de Chateaubriand, né à Saint-Malo en 1768 sous Louis XVI dans une famille bretonne de petite noblesse, mort à Paris en 1848, a vécu assez longtemps pour connaître les soubresauts et les tragédies de son temps. « Je me suis rencontré entre les deux siècles, comme au confluent de deux fleuves », écrit-il. Témoin en Bretagne des jacqueries nobiliaires de 1787-1788, l’écrivain, spectateur lucide de son temps, a connu l’Ancien Régime, la Révolution, l’Empire et la Restauration, écartelé entre l’ancien et le nouveau autant qu’entre l’engagement dans l’action et la libre distance critique.

Jean-Claude Berchet déploie le parcours de Chateaubriand selon quatre axes majeurs, donnant en priorité la parole à l’auteur, s’appuyant autant sur son immense correspondance que sur ses œuvres. « Le chevalier et le sauvage », « Le nouveau Virgile », la « Restauration impossible » et « Le tremblement du temps » scandent le déroulement passionnant d’une existence dont les œuvres qu’elle a produites reflètent les images changeantes, au gré d’une enquête érudite et sensible, particulièrement captivante.

S’embarquant en avril 1791 pour l’Amérique, Chateaubriand embrasse la première de ses trois « carrières », celle de voyageur qui le conduira par la suite en Orient. Puis ce seront celles du diplomate, ambassadeur à Londres et à Rome, et ministre des affaires étrangères enfin celle du mémorialiste mettant dans ses dernières années toute son énergie à l’écriture et à la révision ses Mémoires.

« Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil » écrit-il au terme de ce travail démesuré. Jean-Claude Berchet montre combien, malgré sa perception aiguë des mutations de la société et du monde, pour lesquelles il éprouvait autant d’appréhension que de curiosité, Chateaubriand est resté fidèle à lui-même, confiant tour à tour : « C'est dans les bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis » et, au terme de sa vie : « Je me prépare à mourir citoyen libre, royaliste fidèle et chrétien persuadé ».

Jean-Louis Vidal