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Livres

 

“Boaventura” Photographies de Thomas Brasey

Editions Kehrer

 

https://www.kehrerverlag.com/de/thomas-brasey-boaventura
http://www.thomasbrasey.com/work_boa.html

 

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légendes de gauche à droite
1/ Couverture de Boaventura de Thomas Brasey aux Editions Kehrer. © Thomas Brasey.
2/ Portrait de Thomas Brasey. Photographie © Matthieu Gafsou.

 


texte de Julie-Marie Duro, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Au premier regard, il y a intrigue. Fracture.

Qu'ont à raconter ensemble une forêt luxuriante, un homme en costume rouge, un plateau repas frugal et un requin qui semble sorti de l'eau ? Le découvrir, c’est le défi proposé par Thomas Brasey à tout qui souhaite entrer dans le monde de Boaventura. Le photographe y propose un voyage. Une traversée entre la Suisse et le Brésil, entre ceux qui ont migrés et ceux qui se sont au fil des générations appropriés cette terre qu’on leur a imposée. Boaventura, est l’aventure d’un rêve et le constat d’une réalité où le pain se fait souvent noir et la terre peu fertile.

Mais cette fracture n’est en rien rupture. Elle est transmission. Car c’est de la mémoire qu’il est question.

Et si Boaventura traite, en premier abord, de l’immigration suisse vers le Brésil au début du 19ème siècle, le projet questionne d’un même élan la référentialité des images et leur rapport au texte. On entend souvent que « la bonne photographie » devrait pouvoir exister sans parole. Et c'est peut-être vrai. Mais peut-on tout dire avec des images ? Les priver de texte, est-ce faire un film muet ? N'est-ce pas vouloir résumer ces modes d'expression et les priver de leur potentialité propre ? Ce que j'aime dans le livre de Thomas Brasey – entre autres –, c'est la manière dont le phrasé élargit l'image et dont la photographie affecte les mots. Il y a là un doux mariage. Un mélange subtil et poétique que l'on perd malheureusement un peu dès lors qu’on ouvre le livret logé dans la première de couverture. C’est que le livret – en dehors des légendes – semble se donner pour mission de raconter ce qu’on avait déjà partiellement compris ailleurs. Ce n’est pas que ces textes manquent d’intérêt, au contraire, ils sont très éclairants. Ils le sont peut-être trop. Car de la poésie de Thomas Brasey, je n’avais pas envie de sortir. Alors, de Boaventura, ce sont vers les terres montagneuses, les plants de cafés aux allures fragiles et puis le regard de cet homme à la peau tannée que je garderai précieusement dans ma mémoire.

Julie-Marie Duro

 


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3/ 4/ 5/ Thomas Brasey, Boaventura. © Thomas Brasey, 2017.